Processus

Accepter le processus, en deux temps : sa valeur

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« Le processus n’est rien; efface tes traces. Le chemin n’est pas l’oeuvre. » – Annie Dillard

Cette citation provient d’un livre de la romancière Annie Dillard sur l’écriture de fiction. Ce qu’elle explique, c’est que lorsque l’on crée quelque chose dans un processus créatif – un roman, dans son cas – ce n’est pas tant le processus qui devient l’oeuvre, mais bien son résultat.

Mais, le processus n’est-il rien, réellement? Quelle est la valeur du processus créatif, en tant que tel?

Je me pose la question, car, au départ, ce blogue a été pour moi un processus indéterminé. Les rigueurs impossibles est plus un journal ultra soigné que j’utilise pour réfléchir et avancer dans mon processus personnel, qu’une oeuvre, tel un livre sur l’expérience du TDAH.

Plus d’un an après avoir commencé à y écrire en continu et à y publier presque chaque semaine, je réalise que j’ai en quelque sorte fait le processus inverse, car je ne pouvais faire autrement. Je m’expose d’abord et au fil des partages, le processus révèle un corpus tramé par mes écrits. Mais est-il l’oeuvre qui résulte(ra) de ce processus? Non.

À mes yeux, mon processus et ses traces – mon blogue – révèlent, plutôt qu’effacent, le processus qui les a créées. Je crois que peut-être, enfin, ce blogue est surtout le moteur d’un processus qui m’a mené ailleurs. C’est bien ce que je crois encore, car comme je le disais au début : c’est le processus qui importe.

« Je » a changé

Ce billet que vous lisez présentement, cela fait un an que je le réécris sans ne jamais le publier. Aujourd’hui est le moment. Aujourd’hui, mes questionnements sont plus vifs, et vivifiants, que jamais. Sauf que mon blogue ne l’est plus. J’ai enfilé le masque du TDAH que je porte et je l’ai montré au grand jour. J’en ai observé les reflets dans la marre des autres. J’ai voulu exister comme ça.

De par ce processus, j’ai découvert mes potentiels. Et je viens tout juste de réaliser que c’est mon rapport au « je » qui a changé.

Dire « Je suis » est encore extrêmement difficile alors que dire « je », particulièrement « je pense que » est de plus en plus facile. Je sors lentement du « je » en me mettant en action dans ce que je dois devenir. Donc, je ne peux plus écrire au « je ». Je ne peux plus me présenter devant vous ainsi.

J’ai maintenant besoin du couvert du reportage, du portrait, de la littérature et des idées pour me révéler réellement dans toute l’étendue de ma vulnérabilité. C’est ce que je suis, un humain vulnérable qui écrit.

Je ne suis plus « je ». Et je ne suis plus conditionnel. Je suis maintenant ce que je suis ; alors je fais ce que doit.

L’écriture est ma vocation, mais elle n’est pas « je ».

Merci d’avoir été là.

Alexandre

L’ombre : … Peut-être t’ai-je aujourd’hui suivi trop longtemps. C’était le jour le plus long, mais nous voici au bout, aie un petit moment de patience encore. Ce gazon est humide, j’ai le frisson.

Le voyageur : Oh ! est-il déjà temps de nous séparer ? Et il a fallu pour finir que je te fasse mal, j’ai vu que tu en devenais plus sombre.

L’ombre : J’ai rougi, dans la couleur où il m’est possible. Il m’est revenu que j’ai souvent couché à tes pieds comme un chien et qu’alors tu…

Le voyageur : Et ne pourrais-je pas en toute hâte faire quelque chose qui te fit plaisir ? N’as-tu point de souhait à former ?

L’ombre : Pas d’autre que le souhait que formait le « chien » philosophe devant le grand Alexandre : Ôte-toi un peu de mon soleil, je commence à avoir trop froid.

Le voyageur : Que dois-je faire ?

L’ombre : Marche sous ces pins et regarde autour de toi vers les montagnes, le soleil se couche.

Le voyageur : Où es-tu ? Où es-tu ?

Nietzsche, Humain, trop humain

Ce billet fait suite à Accepter le processus en deux temps : son importance publié le 29 avril 2015.

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Liberté

Je suis dû

Je suis dû pour regarder mon fils dormir dans le rétroviseur, une main sur la cuisse de ma femme, la fenêtre baissée, Lost In The Dream dans la sono, en route vers là où les gens que j’aime habitent. Je suis dû pour l’odeur de cornet à la vanille qui sens trop fort. Pour le vent qui fait valser l’herbe. Pour une nuit fraîche en ville, avec mon meilleur chum, à parler de tout, mais surtout de rien, et en allant là où ça nous tente dans la ville avec nos bikes et nos bières. Je suis dû pour la plus belle journée d’été de ma vie. Vraiment.

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Habitudes, Organisation, Processus

Je veux vous parler d’Élise

Une liseuse Kobo Glo HD qui n'est pas Élise

Élise, c’est ma liseuse. Elle est un appareil électronique qui affiche extrêmement bien des lignes textuelles au soleil comme dans le noir. Et elle a changé ma vie.

Je l’ai anthropomorphisée à la blague, la baptisant Élise sans y penser – éLISE la liseuse. C’est une bébelle que j’ai désiré et magasiné, c’est un outil que j’utilise, mais surtout c’est le moyen d’une vraie habitude que j’ai maintenant : lire.

Paradoxalement, je me suis rendu plus loin que la grande majorité des gens dans mes études sans être un amoureux de lecture. C’est récent, j’ai bûché pour devenir un lecteur. J’ai appris à me regarder lire, à voir mes défauts de lecteur pour comprendre comment je pouvais m’offrir le confort d’aimer la lecture. J’ai compris comment je lis et pourquoi je ne lis pas.

Si la dernière année – parce que ça fait 1 an que j’écris ici aujourd’hui – m’a servi à faire le diagnostic de mes bibittes, je sens que, bien que je n’arrête pas d’en apprendre plus sur moi-même, je suis passé à la phase d’acceptation. Je suis plus actif, mais surtout davantage structuré face à mes défis. J’apprends à surmonter quelques difficultés à force de travail. Et le travail, c’est quelque chose que j’ai réussi à esquiver bien trop longtemps.

Focaliser

J’apprends donc à lire pour de vrai : en sachant quand je dois noter avec rigueur mes lectures et quand je peux laisser aller ; en respectant mes manières de lire différents textes et surtout en décidant comment archiver le tout. Et ce n’est pas fini, évidemment.

Comme j’en ai parlé auparavant, m’organiser, c’est focaliser et focaliser, c’est dire non. Toutes choses ne se valent plus. Ainsi, plusieurs choses sont rescapées du fouillis et donc de l’oubli.

Dans un autre billet, j’avais dit que le ménage et l’organisation physique de mon espace auraient une incidence sur l’organisation de mon mental et de mon travail. Je suis en plein dedans et Élise en est un seuil, un commencement, une nouvelle étape.

De l’envie au besoin

J’ai voulu tant de choses que je n’ai pas utilisées finalement que ma femme est très appréhensive face à mes envies. C’est que j’ai longtemps mélangé envies et besoins. Combien d’appareils photo achetés parce que ce n’est jamais « le bon »? Combien de livres achetés sans être lus? De l’urgence de l’envie, du vouloir brûlant qui consume tout, je suis passé au besoin qui se contient et qui mérite sa jouissance.

Comment mériter ce dont on a besoin? Dans le cas de ma liseuse, c’est en lisant plus de 1000 pages sur mon iPhone à m’en briser les yeux. Ça m’a convaincu, car je me suis vu traverser le seuil. Je me suis vu devenir un lecteur sérieux qui a envie, mais qui a aussi besoin de mieux.

En dépit de mon effervescence, ma femme est resté très appréhensive. Je la comprends, bien souvent le vrai et le faux partagent le même visage. Mais sous les apparences trompeuses – la boucle qui semble se retourner sur elle-même -, je savais que quelque chose avait changé : j’avais « travaillé » pour l’avoir mon Kobo. Et si je n’avait pas fait l’effort de m’assurer que je voulais bien lire des livres numériques, que c’était plus pratique et économique pour moi – bibliothèque, oh God – que je me l’aurait offert ma liseuse – tout cuit dans le bec -, elle n’aurait pas eu autant de valeur. Ça aurait été un autre échec.

Un plaisir pratico-pratique

Je suis en train de passer à la prochaine étape. La lecture, c’est mon plaisir et c’est mon travail. Tout comme l’écriture est mon plaisir et mon travail.

Ma lecture s’organise, ma lecture se focalise, ma lecture est là où il faut, ma lecture est facile même quand les textes ne le sont pas. J’ai trouvé un moyen parce que je l’ai mérité parce que je me suis prouvé que sous mon envie repose un besoin, donc un sens.

Comment ai-je fait concrètement? J’ai :

  1. Déterminé les sources de lectures encombrantes ou non (Facebook, courriels, livres électroniques, livres papier, Wishlist Amazon, Liste à la bibliothèque municipale, archives Pocket, archives Evernote, signets sur Chrome, etc.).
  2. Compris le meilleur endroit pour lire chaque texte.
  3. Assigné un moyen de prioriser, classer, archiver et/ou jeter chaque texte.
  4. Accepté que c’était un travail qui prendrait du temps et qui ne sera jamais parfait

Voici quelques changements et usages :

  • Je me suis désinscrit de nombreuses infolettres que je ne lis pas, je classe mes courriels et j’exporte certains textes reçus par courriel ailleurs.
  • J’utilise Pocket de manière structurée pour lire de longs articles sur ma liseuse.
  • J’utilise « Enregistrer le lien » dans Facebook pour les trucs courts/vidéos/GIFs que je ne veux pas oublier.
  • Je classe mes livres dans ma liseuse selon qu’ils sont lu ou en lecture et selon leur provenance (est-ce par exemple un livre de bibliothèque qui s’effacera tout seul?).
  • J’utilise Evernote avec beaucoup plus de parcimonie pour en faire une vraie archive de travail (notes de lecture!).
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Devenir, Processus

Je ne suis pas un blogueur

Cow Branding

Ça n’a l’air de rien comme cela, mais réaliser que je ne suis pas un blogueur m’aide à résoudre la petite crisette de sens que j’ai face à mon blogue.

Le blogging est devenu quelque chose de particulier auquel je n’adhère pas du tout : un entrepreneurship de soi qui fonctionne comme une business d’influence – les blogueurs deviennent, comme on les nomme dans la business du web, « des influenceurs ».

Ce blogue est personnel avant tout et ne doit rien à personne. Si je discutais vraiment d’idées dissociables de ma personne, là ça serait autre chose : je serais un auteur qui aurait à défendre ses idées bien plus que sa vie. Ce que je fais ici, c’est plutôt du online journaling. Je m’en fiche donc de grossir mon lectorat et de devenir un blogueur.

Je n’ai pas honte de ce que j’écris, bien au contraire.

Pourquoi partager publiquement alors? Pour partager justement. Ceux qui voudront trouver des mots comme les miens, le feront par le hasard des mots-clés. Puis on se retrouvera entre-nous, bouche-bée de se reconnaître les uns dans les autres. Le blogueur a des followers, moi j’ai des amis du Web. Ce blogue, n’en est donc pas un. En tout cas, pas au sens de 2016 : je l’utilise comme si on était encore sur MySpace, et avant Facebook et la suite. Old school.

Si vous fouillez les commentaires, vous verrez que ce que je raconte-là sur l’amitié n’est pas de la fiction : ces « amitiés » sont déjà réalité. Que ceux qui aiment ce que je publie me lisent avec l’assiduité qui leur fait du bien. La pub, la putasserie et le networking, je laisse ça à d’autres. C’est une déformation autant sociale que professionnelle que d’avoir le réflexe de penser à soi-même toujours avec un peu de marketing… quelle époque!

Ça fera bientôt un an que j’ai créé cet espace. Je m’y écoute penser et j’apprends à m’y connaître. Et surtout je connecte avec des étrangers qui sont – étrangement – si proches.

Bien à vous chers amis.

Au plaisir de devenir un peu plus – et plus ensemble que séparés – dans ce monde de fou,

Alexandre

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Organisation, Quotidien, TDAH

Désencombrer

Je marchais vers ma chambre d’un pas assuré – un peu trop même. Mon déplacement était trop rapide pour simplement passer d’une pièce à l’autre. Je savais ce que j’allais faire et, à vrai dire – pour une fois – je n’avais qu’une seule idée en tête : aller masser le dos de ma femme qui en avait grandement besoin. Je marchais donc rapidement de la cuisine à ma chambre. Douze pas à faire tout au plus. La voie était libre : pas d’obstacles, ni de bébelles dans lesquelles m’enfarger.

Ce nouvel espace plus aéré, sans obstacle, est né de mes efforts monumentaux à arranger et, plus intensément, à désencombrer mon espace de vie pour laisser plus de place à mes idées. J’en ai glissé un mot il y a un mois en discutant du fait que ma désorganisation pouvait nuire à ma créativité. Cela fait donc un bon 6 semaines que je m’affaire à replacer mes choses en déplaçant mes meubles, à trouver une place à ce qui n’en avait pas et à me débarrasser de ce qui ne me sert pas, ni maintenant, ni bientôt, ni jamais. Bref, ça respire de plus en plus chez moi. Maintenant, chaque chose qui traîne apparaît comme par magie (elle n’a plus de semblables pour se camoufler) et retrouve sa place facilement. Fini les Legos sous le pied!

Arrivé au cadre de ma porte de chambre, j’étais encore plus pressé ; voyant ma femme souffrir péniblement dans notre nouveau lit, le dos barré, la face pas bien.

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Mais j’y pense, on n’avait jamais pensé s’acheter une base de lit ; on a peut-être trop attendu… Parce que, notre grave problème de rangement dans la chambre, on l’a réglé d’un coup avec un beau frame de lit neuf avec des tiroirs en dessous.

Le lit c’est une chose parmi tant d’autres – on a fait beaucoup dans la maison -, mais il en reste tant à faire! Il faut se l’avouer, mon ménage est radical : c’est tout ou rien. Ça fait donc 6 semaines que je trie des papiers, que je vends des meubles (sans les remplacer), que j’achète ce qui a toujours manqué, que je vide et remplit les gardes robes, que je re-synchronise mon Dropbox – parce que je fais aussi le ménage de mon ordinateur! Vous pourriez croire que je suis près du but, mais, passé la surface – mon salon est bien cute, ma salle à manger est bien vide, mon nouveau set de chambre est bien pratique –, il m’en reste tant à faire.

J’avais dépassé le cadre de porte ; à vrai dire, je n’étais qu’à deux pas : « Je viens te masser mon amour! » Je n’aimais pas la voir avoir mal comme ça, surtout en sachant que je pouvais faire quelque chose.

Ma nouvelle chambre est belle, mais malgré mes efforts, elle n’est pas parfaite! J’ai désencombré, mais il y a des limites, il y a des contraintes. Je comprends maintenant que ce qui est difficile dans le désencombrement c’est de décider. Parce qu’ultimement, ranger, aménager et consigner (donner une place), c’est prendre des décisions, constamment : décider de mettre en place un système et de le respecter à chaque instant ; décider quel meuble ira où ; décider ce qu’on garde, ce qu’on donne, ce qu’on jette. C’est difficile toutes ces décisions!

La décision fondamentale, au fond, c’est d’accepter notre part de responsabilité quant à l’état des choses – et aussi quant à l’état de nos choses. Maintenant, je comprends et j’accepte d’assumer que mes habitudes quotidiennes peuvent encombrer autant que libérer mon esprit et mon espace. Et j’ai besoin de ces bonnes habitudes pour bien vivre. Je dois faire avec!

Je suis donc à faire du rattrapage. Je me débarrasse de ce que j’ai gardé inutilement toutes ces années. J’assigne une place à ce qui n’en a pas ou n’en a jamais eu. J’invente quotidiennement des méthodes (de rangement, mais aussi de travail) pour ne pas créer plus d’encombrements. Décisions, décisions, décisions. C’est un travail de tous les instants. C’est surtout un travail qui se démultiplie quand on le laisse trainer, quand on le traite comme quelque chose que l’on fait « juste » quand rien ne va plus… comme j’ai fait toutes ces années.

Au bout du lit, j’avais déjà le dos campé comme si j’allais y plonger, mais – non! – pas question que je saute sur mon nouveau lit! Je n’avais pas une seule idée en tête finalement. Je pensais à masser ma femme – oui! -, mais aussi à ce ménage et à cette organisation, bref, à toutes ces décisions qui m’occupaient et me préoccupaient.

Désencombrer, c’est un travail toujours incomplet… et c’est bien ainsi. Mais si je ne mets pas d’ordre en m’appropriant mes choses et mon espace, ma tête devient bien trop pleine et mes habitudes bien trop néfastes à mon bien-être. L’important est de réaliser que bien que mon espace ait moins d’obstacles et d’encombrement, mon organisation a encore – et constamment ? – besoin d’ajustements, tout comme ma tête qui est toujours pleine.

J’arrivais enfin à ma femme – après avoir traversé un peu d’espace et le flot des mes pensées. Dans mon dernier mouvement avant de poser le genou sur le lit, la fin, abrupte : genou fracassé sur le coin de la crisse de base de lit. Écroulé sur le matelas, à côté de ma femme, paralysé par une douleur aussi intense que ridicule, mes idées se sont arrêtées net… Son massage de dos allait attendre quelques minutes, le temps que je reprenne mes esprits.

Mon ménage n’est toujours pas terminé. Il m’en reste tant à faire.

 

 

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Devenir, Quotidien, TDAH

Dans l’abondance, rien n’a de valeur

Ma bibliothèque pleine de livres que je ne lirai pas, si elle brûlait, saurais-je la remplacer? Et mes 175 gigaoctets de musique, s’ils disparaissaient, pourrais-je nommer 100 albums que je voudrais retrouver?

Non.

Plutôt que de construire avec ardeur l’édifice de mon identité, je l’ai noyée du trop.

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Construit-on encore, que je me demande?

Cela fait déjà quelques années que j’ai compris que j’érige des barricades pour que rien ne s’écroule, car, sous la pression, mes murs se remplissent de craques.

Sous la pression l’énergie est au maintien, non pas à la croissance.

Devant l’impossibilité, la remise à neuf est constante. Les tables rases sont quotidiennes. Les boucles sont tristes à voir.

Suis-je encore capable de me concentrer sur ce qu’il me faut? Suis-je encore capable de me mettre là où il me faut être?

On ne part jamais de rien, mais pouvons-nous réduire pour devenir ce que nous sommes?

Dans les décombres du quotidien, puis-je m’attarder à trouver ces pierres qui construiront quelque chose qui tiendra debout, plutôt que de s’écrouler dans le sourd fracas de la saturation?

Quelle tristesse que ces décombres de l’abondance qui salissent les murs de mon quotidien!

 

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Comment faire pour avoir peur de l’échec

Loser, échec, faiblesse… yummy!

Si vous voulez être terrifié de ces mots-là au point de devenir une flaque qui s’écoule entre les craques du plancher chaque fois qu’ils vous correspondent, je sais comment! C’est simple : vivez continuellement un tas d’échec dans un cadre strict qui ne normalise pas la faiblesse ou l’échec. Loser!

Avoir eu des parents avec des attentes plus élevée que leur capacité de support, ça aide. Il reste que le meilleur moyen, c’est d’essayer de rentrer dans un cadre qui n’accepte pas la faiblesse ou l’échec ; et ce, le plus longtemps possible. L’école par exemple. D’un examen à l’autre, vous apprendrez à vivre avec une peur de l’échec aussi profonde que celle du démon pour les Christians.

À force d’échouer, on en vient à mettre les bouchées quadruples pour que ça ne nous arrive plus. Parce que la faiblesse, « ce n’est pas normal », right?

Fuck that.

Je ne veux plus avoir à justifier mes faiblesses. Je veux les accepter – voir même que d’autres les acceptent, mais sans avoir à en parler uniquement comme quelque chose que j’ai surmonté et qui est derrière moi. Parce que ça semble être le seul narratif possible : « j’ai surmonté! » Et quand on ne peut pas?

« Si on juge un poisson par sa capacité de grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » – Albert Einstein

Les modèles de réussites qu’on me montre au quotidien semblent être uniquement les « solutions » d’une société malade qui ne regarde pas ses vrais problèmes en face. #burnout

Comment va votre dépression saisonnière? Si elle va bien, good for you… Mais comment va votre planète?

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Devenir, Liberté, Processus

Je n’ai jamais arrêté

…j’ai juste bifurqué.

J’ai lâché l’université, mais pas la pensée. Et je n’ai rien perdu de ma curiosité intellectuelle. J’ai même gagné une confiance et de l’expérience que je n’avais pas.

Les conversations théoriques m’allument encore, mais je continue de trouver qu’il y manque souvent quelque chose. Ma sortie m’a permis de me rendre compte que ce qu’il y manque, pour moi, plus souvent qu’autrement, c’est ce qu’elle a de non-théorique cette théorie. Quand c’est trop aride, ça ne sent plus la vie. Ce n’est pas moi.

C’est presque cryptique comment je le dis, mais trop bien expliquer que je n’ai rien contre l’abstraction conceptuelle serait contre-productif.

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Proche dans la distance, distant dans la proximité

Alors voilà, je me suis retrouvé auprès des miens ; ceux auprès de qui je me suis senti si bien et si mal à la fois, à l’université. Il reste que ce milieu duquel j’ai pris mes distances, je le retrouve affectueusement en m’y sentant encore un peu décalé. Il n’y a pas si longtemps, cette étrangeté m’aurait inquiété. Maintenant, elle commence à me plaire, car elle laisse deviner que ma différence est une richesse.

Ce que je suis contribue au groupe. Ce que je ne suis pas, le groupe me le fait voir. Et en ce moment, je ne suis pas un universitaire (et ce groupe l’est).

Je commence à me trouver. Il ne me reste qu’à m’inventer.

Passer de la théorie à la pratique.

 

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Habitudes, Quotidien, TDAH

Ma passivité, qu’est-ce que je peux en faire?

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Par défaut, je suis passif.

Cela veut dire que, malgré mon hyperactivité, l’idée d’activité m’est assez étrangère… « Idée d’activité » dans le sens d’être actif et de savoir quoi faire. Bref, les journées m’échappent facilement, car je finis toujours par faire quelque chose – parfois trop de choses, même – mais rarement ce que je veux. Parce que, de toute façon, je ne sais pas ce que je veux.

Je suis actif dans mes actions (d’uh!), mais pas dans mes idées de ce que je peux et veux faire.

Ma passivité est une de mes plus grandes contradictions : je cherche la liberté à tout prix, mais je ne sais pas quoi en faire.

 

Je commence à remédier concrètement à ma difficulté de planifier mes actions et surtout de répondre aux situations imprévues (particulièrement les annulations qui créent un trou dans une journée). Si vous n’aviez pas compris : même mes temps libres sont à la dérive, à cause de mon rapport superficiel à l’action. L’idée n’est pas d’organiser ma vie à plate couture, mais plutôt d’être conscient que je peux faire certaines choses et surtout de réaliser ce que j’aime faire, mais que je ne fais pas (en dépit de ma liberté).

Ce matin, j’ai donc entrepris de mettre en place une solution très concrète et très loufoque (donc efficace) : je viens de faire une liste de choses que je peux faire selon mes circonstances. Mes circonstances? Oui, comme de me demander :

Suis-je seul ou suis-je en famille? Est-ce que ma femme est là ou suis-je avec mon fils? Est-ce que mon fils dort ou est-ce qu’il est éveillé? Etc.

J’en ai fait un schéma classique de « si / alors » : « si je suis seul et à la maison, alors… ». Drôle, hein? Mais ça m’aide déjà.

Mon mode passif par défaut est trop limité pour mes ambitions, car mon imagination concrète ne suffit pas à assouvir mes élans de liberté. C’est un brin pathétique de ne pas savoir quoi faire de soi-même, c’est vrai. Mais le pire serait de nier que les solutions pour me bootstrapper sont là, juste sous mon nez.

Je dois aller contre ma nature pour aller plus vers moi-même? Ma nature est assez contradictoire en tout cas.

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Devenir, Processus

Arrête d’essayer de tuer les magiciens!

« Show, don’t tell. » – Tous les manuels d’écriture de la Terre

J’aime tellement faire du sens que si j’arrivais à construire des oeuvres artistiques complexes – des énigmes -, j’aurais toute la misère du monde à ne pas les expliquer à ceux qui n’ont pas compris ce que je voulais dire. Comment David Lynch fait-il pour dormir la nuit? Et David Bowie (RIP)?

J’aime trop faire du sens pour laisser les choses aller sans peser sur pause et comprendre. Si j’aime tant les explications, les astuces et la non-fiction en général, c’est parce que j’aime comprendre tout, tout le temps. Mais est-ce que, en même temps, je ne suis pas en train d’ériger des barricades pour me protéger des effets de ce que je ne comprends pas?

…Comme pour voir elle est où la crosse?

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Je suis un anti-magicien. Je les admire – ils me fascinent -, mais je ne les comprends pas! Ils adorent apprendre et créer des tours pour ensuite les pratiquer jusqu’à les exécuter à la perfection. Je n’ai rien contre la perfection. Mais comment font-ils pour se retenir de les révéler? Peut-être que ce qu’ils veulent, c’est de sentir qu’ils sont les plus smattes? Ça les distinguerait des charlatans qui s’en sacrent de montrer à quel point ils sont vites tant qu’ils réussissent à nous fourrer.

Hum.

Alors je l’admets, je suis un vrai tueur en série de la magie des choses. J’ai tellement de difficulté à juste la vivre, ébahi, la bouche entrouverte, les yeux humides! Je suis de moins en moins capable de juste apprécier les choses sans trop y réfléchir. J’analyse, je compare, je note et j’écris… Il ne faudrait pas que je commence à aimer Excel!

Je commence à me regarder décortiquer la vie avec un petit sourire de malaise : « come on, man, tu peux arrêter là, c’est pu l’fun ». Le pire, c’est que c’est drette ça que je suis en train de faire ici – ouin, mais j’ai du fun, right? Coudonc, j’éprouve-tu le besoin de montrer que je suis smart? Peut-être que c’est juste que je veux partager ce que j’ai compris? Ou est-ce que c’est peut-être un peu des deux?

Est-ce que, par exemple, j’ai raison de dire à chaque personne que je vois rincer ses pâtes avant de mettre de la sauce dessus qu’elle ne devrait pas? De mon point de vue, je partage de l’expérience, c’est tout, je ne fais pas mon fin finaud. Mais, il reste que je fais chier.

Sauf que ça dépasse l’égo. C’est pas juste à propos de moi, c’est à propos du monde : je veux partager le fruit de ma curiosité!

J’ai une curiosité sans limites, mais les choses ont des limites

Je veux tellement apprendre la magie du monde, ses formules et ses tours, que j’oublie souvent de les apprécier. Ça éteint ce qu’il y a de beau devant l’inconnu : ce qui me fait de l’effet, qui m’allume et me motive. Il y a toujours plus à vivre et à apprendre! Sauf que quand on découvre les méthodes, qu’on décortique les recettes et qu’on calque les images, on tue un peu l’envoûtement du spectacle.

L’excès de raison tue l’expérience. L’analyse peut estomper, voir nous faire esquiver l’émotion. Comme d’user une oeuvre à la corde… jusqu’à ce qu’elle ne nous fasse plus rien.

À force de tout vouloir comprendre par la raison, est-ce qu’on délaisse d’autres façons de comprendre (soit de prendre avec soi)? Je crois que, sans devenir des robots ou pire, des vulcains, l’expression des émotions et le développement de la sensibilité peuvent en prendre pour son rhume. À force d’être hyper-rationnel, on en vient à ne plus être capable de constater qu’on se détache d’une partie irrationnelle de nous-mêmes. #excèsderigueur

Difficile d’accepter la part indescriptible de l’expérience alors qu’elle se perd dans le réflexe de tout prendre par la tête. Être trop rationnel, ça ne fait pas de sens parce que ça déconnecte de la part irrationnelle en nous. Pire, cette déconnexion fait qu’on n’arrive pas à constater qu’on le fait ni à comprendre pourquoi. Abstrait, hein?

C’est tout un défi que d’arriver à constater qu’on délaisse certaines parties émotives et/ou créatives de nous-mêmes aux mains de la raison assassine (et de tous ses guns). Ça m’a juste pris 3 ans de thérapie pour tomber nez à nez avec le tueur!! Alors qu’est-ce que je fais ici à expliquer et essayer de comprendre que j’ai toujours eu le besoin de tout comprendre et que j’ai de la difficulté à ne pas pouvoir tout m’expliquer?

Bah! Je crois que je suis en train de me regarder brasser les cartes devant vous en me demandant si je vais finir par être un magicien ou un charlatan.

 

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